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-le- petit prince از سری داستانهای فرانسوی -

shant

کاربر ويژه
با سلام .

در این تاپیک داستان le- petit prince(شازده کوچولو) را دنبال میکنیم.

تذکر: این داستان برای آموزش اولیه زبان فرانسه نیست

اما

ا ز انجا که این داستان بسیار ساده می باشد حتی آن دسته از دوستانی که در ابتدای یادگیری زبان فرانسه (مثلا ترم 2 یا 3) هستند یا دوستانی که سال ها پیش زبان فرانسه را آموختند و اکنون آن را فراموش کرده اند میتوانند با خواندن این داستان در زبان فرانسه پیشرفت زیادی بکنند و دامنه ی لغات یادگرفته شان را تا حد مطلوبی گسترش بدهند.


در ادامه ،در هر پست یک صفحه از کتاب داستان را با هم ورق میزنیم.

با تشکر از همه
 

shant

کاربر ويژه

À Léon Werth ..
Je demande pardon aux enfants
d'avoir dédié ce livre à une grande
personne. J'ai une excuse sérieuse :
cette grande personne est le meilleur
ami que j'ai au monde. J'ai une autre
excuse : cette grande personne peut
tout comprendre, même les livres
pour enfants. J'ai une troisième
excuse : cette grande personne habite
la France où elle a faim et froid. Elle
a bien besoin d'être consolée. Si toutes
ces excuses ne suffisent pas, je veux
bien dédier ce livre à l'enfant qu'a
été autrefois cette grande personne.
Toutes les grandes personnes ont
d'abord été des enfants. (Mais peu
d'entre elles s'en souviennent.) Je
corrige donc ma dédicace :
À Léon Werth
quand il était petit garçon

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shant

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LORSQUE j'avais six ans j'ai vu, une fois, une magnifique
' image, dans un livre sur la Forêt Vierge qui s'appelait
« Histoires Vécues ». Ça représentait un serpent boa
qui avalait un fauve. Voilà la copie du dessin.
On disait dans le livre : « Les serpents boas avalent
leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne
peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois
de leur digestion. »
J'ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la
jungle et, à mon tour, j'ai réussi, avec un crayon de
couleur, à tracer mon premier dessin. Mon dessin
numéro 1. Il était comme ça :
J'ai montré mon chef-d'oeuvre aux grandes personnes
et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur

2
 

shant

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Elles m'ont répondu : « Pourquoi un chapeau ferait-il
peur ? »
Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait
un serpent boa qui digérait un éléphant. J'ai alors
dessiné l'intérieur du serpent boa, afin que les grandes
personnes puissent comprendre. Elles ont toujours besoin
d'explications. Mon dessin numéro 2 était comme ça
Les grandes personnes m'ont conseillé de laisser de
côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et
de m'intéresser plutôt à la géographie, à l'histoire, au
calcul et à la grammaire. C'est ainsi que j'ai abandonné,
à l'âge de six ans, une magnifique carrière de peintre.
J'avais été découragé par l'insuccès de mon dessin
numéro 1 et de mon dessin numéro 2. Les grandes personnes
ne comprennent jamais rien toutes seules, et c'est
fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur
donner des explications.
J'ai donc dû choisir un autre métier et j'ai appris à
piloter des avions. J'ai volé un peu partout dans le
monde. Et la géographie, c'est exact, m'a beaucoup servi.
Je savais reconnaître, du premier coup d'oeil, la Chine
de l'Arizona. C'est très utile, si l'on est égaré pendant la
nuit.
J'ai ainsi eu, au cours de ma vie, des tas de contacts
avec des tas de gens sérieux. J'ai beaucoup vécu chez les
grandes personnes. Je les ai vues de très près. Ça n'a pas
trop amélioré mon opinion
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shant

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Quand j'en rencontrais une qui me paraissait un peu
lucide, je faisais l'expérience sur elle de mon dessin
numéro 1 que j'ai toujours conservé. Je voulais savoir
si elle était vraiment compréhensive. Mais toujours elle
me répondait : « C'est un chapeau. » Alors je ne lui
parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni
d'étoiles. Je me mettais à sa portée. Je lui parlais de
bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande
personne était bien contente de connaître un homme
aussi raisonnable

II
J'AI ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler
véritablement, jusqu'à une panne dans le désert du
Sahara, il y a six ans. Quelque chose s'était cassé dans
mon moteur. Et comme je n'avais avec moi ni mécanicien,
ni passagers, je me préparai à essayer de réussir,
tout seul, une réparation difficile. C'était pour moi une
question de vie ou de mort. J'avais à peine de l'eau à boire​
pour huit jours
Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à
mille milles de1 toute terre habitée. J'étais bien plus isolé
qu'un naufragé sur un radeau au milieu de l'Océan. Alors
vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une
drôle de petite voix m'a réveillé. Elle disait
S'il vous plaît... dessine-moi un mouton _
! Hein —
... Dessine-moi un mouton—
J'ai sauté sur mes pieds comme si j'avais été frappé

 

shant

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par la foudre. J'ai bien frotté mes yeux. J'ai bien regardé
Et j'ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire
qui me considérait gravement. Voilà le meilleur portrait
que, plus tard, j'ai réussi à faire de lui. Mais mon dessin,
bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle.
Ce n'est pas ma faute. J'avais été découragé dans ma
carrière de peintre par les grandes personnes, à l'âge
de six ans, et je n'avais rien appris à dessiner, sauf les
boas fermés et les boas ouverts.
Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout
ronds d'étonnement. N'oubliez pas que je me trouvais à
mille milles de toute région habitée. Or mon petit
bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue,
ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il
n'avait en rien l'apparence d'un enfant perdu au milieu
du désert, à mille milles de toute région habitée. Quand
je réussis enfin à parler, je lui dis
? Mais... qu'est-ce que tu fais là —
Et il me répéta alors, tout doucement, comme une
chose très sérieuse
...S'il vous plaît... dessine-moi un mouton—
Quand le mystère est trop impressionnant, on n'ose
pas désobéir. Aussi absurde que cela me semblât à mille
milles de tous les endroits habités et en danger de
mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un
stylographe. Mais je me rappelai alors que j'avais
surtout étudié la géographie, l'histoire, le calcul et la
grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu
de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner. Il
me répondit :
Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton—
Comme je n'avais jamais dessiné un mouton je refis​
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pour lui, l'un des deux seuls dessins
dont j'étais capable. Celui du boa
fermé. Et je fus Stupéfait d'entendre
le petit bonhomme me répondre :
Non ! Non ! Je ne veux pas—
d'un éléphant dans un boa. Un boa c'est très dangereux,
et un éléphant c'esit très encombrant. Chez moi c'esit tout
petit. J'ai besoin d'un mouton. Dessine-moi un mouton.
Alors j'ai dessiné.
:Il regarda attentivement, puis
Non ! Celui-là est déjà très malade.
Fais-en un autre.
:Je dessinai
Mon ami sourit gentiment, avec indulgence
:
Tu vois bien... ce n'est pas un—
...mouton, c'est un bélier. Il a des cornes
:Je refis donc encore mon dessin

:Mais il fut refusé, comme les précédents
Celui-là est trop vieux. Je veux un —
.mouton qui vive longtemps
Alors, faute de patience, comme j'avais
hâte de commencer le démontage de mon
moteur, je griffonnai ce dessin-ci.
: Et je lançai
Ça c'est la caisse. Le mouton que tu veux est—
dedans.
Mais*je fus bien surpris de voir s'illuminer le visage
de mon jeune juge :
C'est tout à fait—
comme ça que je le
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voulais ! Crois-tu qu'il faille beaucoup d'herbe à ce ?mouton ?Pourquoi_Parce que chez moi c'est tout petit— Ça suffira sûrement. Je t'ai donné un tout petit—mouton.Il pencha la tête vers le dessin :pas si petit que ça... Tiens ! Il s'est endormi— ...Et c'est ainsi que je fis la connaissance du petit prince. III IL me fallut longtemps pour comprendre d'où il venait .Le petit prince, qui me posait beaucoup de questions,ne semblait jamais entendre les miennes. Ce sont desmots prononcés par hasard qui, peu à peu, m'onttout révélé. Ainsi, quand il aperçut pour la prémièrefois mon avion (je ne dessineraipas mon avion, c'est undessin beaucoup trop compliqué :pour moi) il me demandaQu'est-ce que c'est que cette— ?chose-làCe n'est pas une chose. Ça— vole. C'est un avion. C'est monavion.Et j'étais fier de lui apprendre :que je volais. Alors il s'écriaComment ! tu es tombé— ?du ciel​
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.Oui, fis-je modestement.—
Ah ! ça c'est drôle—
Et le petit prince eut un très joli éclat de rire qui
m'irrita beaucoup. Je désire que l'on prenne mes malheurs
:puis il ajouta
Alors, toi aussi tu viens du ciel ! De quelle planète,—
?es-tu
J'entrevis aussitôt une lueur, dans le mystère de sa
:présence, et j'interrogeai brusquement
? Tu viens donc d'une autre planète _
Mais il ne me répondit pas. Il hochait la tête doucement
:tout en regardant mon avion
C'est vrai que, là-dessus, tu ne peux pas venir de—
bien loin...
Et il s'enfonça dans une rêverie qui dura longtemps.
Puis, sortant mon mouton de sa poche, il se plongea
dans la contemplation de son trésor.
Vous imaginez combien j'avais pu être intrigué par
cette demi-confidence sur « les autres planètes ». -Je
:m'efforçai donc d'en savoir plus long
— D'où viens-tu, mon petit bonhomme ? Où est-ce
« chez toi » ? Où veux-tu emporter mon mouton ?
Il me répondit après un silence méditatif :
Ce qui est bien, avec la caisse que tu m'as donnée— ,
c'est que, la nuit, ça lui servira de maison.
Bien sûr. Et si tu es gentil, je te donnerai aussi_
une corde pour l'attacher pendant le jour. Et un piquet.
La proposition parut choquer le petit prince :
!L'attacher? Quelle drôle d'idée—
Mais si tu ne l'attaches pas, il ira n'importe où, et il—
...se perdra
 

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:Et mon ami eut un nouvel éclat de rire
?Mais où veux-tu qu'il aille—
... N'importe où. Droit devant lui_
:Alors le petit prince remarqua gravement
!Ça ne fait rien, c'est tellement petit, chez moi _
:Et, avec un peu de mélancolie, peut-être, il ajouta
— Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin_
IV​
J'AVAIS ainsi appris une seconde chose très importante
: C'est que sa planète d'origine était à peine
!plus grande qu'une maison
Ça ne pouvait pas m'étonner beaucoup. Je savais bien
qu'en dehors des grosses planètes comme la Terre,
Jupiter, Mars, Vénus, auxquelles on a donné des noms,
il y en a des centaines
d'autres qui
sont quelquefois
si petites qu'on a
beaucoup de mal
à les apercevoir au
télescope. Quand
un astronome
découvre l'une
d'elles, il lui donne
pour nom un numéro.
Il l'appelle
:par exemple
«l'astéroïde 3251».
9​
 

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J'ai de sérieuses raisons de croire que la planète d'où
venait le petit prince est l'astéroïdeB 612.
Cet astéroïde n'a été aperçu qu'une fois au
télescope, en 1909, par un astronome turc.
Il avait fait alors une grande démonstration
de sa découverte à un Congrès International d'Astronomie.
Mais personne ne l'avait cru à cause de son
costume. Les grandes personnes sont comme ça.
Heureusement pour la réputation de l'astéroïde B 612
un dictateur turc imposa à son peuple, sous peine de
mort, de s'habiller à l'européenne. L'astronome refit
sa démonstration en 1920, dans un habit très élégant.
Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis.
Si je vous ai raconté ces détails sur l'astéroïde B 612 et
si je vous ai confié son numéro, c'est à cause des grandes
personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres.
Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous
questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent
jamais : « Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux
qu'il préfère ? Est-ce qu'il collectionne les papillons ? »
Elles vous demandent : « Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il
de frères ? Combien
pèse-t-il ?
Combien gagne
son père ? » Alors
seulement elles
croient le connaître.
Si vous dites aux grandes personnes : « J'ai vu une belle maison en
briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des
colombes sur le toit... » elles ne parviennent pas à s'imaginer
cette maison. Il faut leur dire : « J'ai vu une maison
de cent mille francs. » Alors elles s'écrient : « Comme
c'est joli ! »
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Ainsi, si vous leur dites : « La preuve que le petit
prince a existé c'est qu'il était ravissant, qu'il riait, et
qu'il voulait un mouton. Quand on veut un mouton,
c'est la preuve qu'on existe », elles hausseront les épaules
et vous traiteront d'enfant ! Mais si vous leur dites : « La
planète d'où il venait est l'astéroïde B 612 », alors elles
seront convaincues, et elles vous laisseront tranquille
avec leurs questions. Elles sont comme ça. Il ne faut pas
leur en vouloir. Les enfants doivent être très indulgents
envers les grandes personnes.
Mais, bien sûr, nous qui comprenons la vie, nous nous
moquons bien des numéros ! J'aurais aimé commencer
cette histoire à la façon des contes de fées. J'aurais aimé
dire :
« II était une fois un petit prince qui habitait une
planète à peine plus grande que lui, et qui avait besoin
d'un ami... » Pour ceux qui comprennent la vie, ça aurait
eu l'air beaucoup plus vrai.
Car je n'aime pas qu'on lise mon livre à la légère.
J'éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs. Il y
a six ans déjà que mon ami s'en est allé avec son mouton.
Si j'essaie ici de le décrire, c'est afin de ne pas l'oublier.
C'est triste d'oublier un ami. Tout le monde n'a pas eu
un ami. Et je puis devenir comme les grandes personnes
qui ne s'intéressent plus qu'aux chiffres. C'est donc pour
ça encore que j'ai acheté une boîte de couleurs et des crayons.
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shant

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...............................
C'est dur de se remettre au dessin, à mon âge,
quand on n'a jamais fait d'autres tentatives que celle d'un
boa fermé et celle d'un boa ouvert, à l'âge de six ans !
J'essaierai, bien sûr, de faire des portraits le plus ressemblants
possible. Mais je ne suis pas tout à fait certain de
réussir. Un dessin va, et l'autre ne ressemble plus. Je
me trompe un peu aussi sur la taille. Ici le petit prince
est trop grand. Là il est trop petit. J'hésite aussi sur la
couleur de son costume. Alors je tâtonne comme ci et
comme ça, tant bien que mal. Je me tromperai enfin sur
certains détails plus importants. Mais ça, il faudra me le
pardonner. Mon ami ne donnait jamais d'explications.
Il me croyait peut-être semblable à lui. Mais moi, malheureusement,
je ne sais pas voir les moutons à travers
les caisses. Je suis peut-être un peu comme les grandes
personnes. J'ai dû vieillir
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V

cHAQUE jour j'apprenais quelque chose sur la planète,
sur le départ, sur le voyage. Ça venait tout doucement,
au hasard des réflexions. C'est ainsi que, le troisième
jour, je connus le drame des baobabs.
Cette fois-ci encore ce fut grâce au mouton, car
brusquement le petit prince m'interrogea, comme pris
d'un doute grave :
— C'est bien vrai, n'est-ce pas, que les moutons
mangent les arbustes ?
— Oui. C'est vrai.
— Ah ! Je suis content
Je ne compris pas pourquoi il était si important que,
les moutons mangeassent les arbustes. Mais le petit
prince ajouta :
— Par conséquent ils mangent aussi les baobabs ?
Je fis remarquer au petit prince que les baobabs ne
sont pas des arbustes, mais des arbres grands comme des
églises et que, si même il emportait avec lui tout un
troupeau d'éléphants, ce troupeau ne viendrait pas à bout
d'un seul baobab.
L'idée du troupeau d'éléphants fit rire le petit prince :
— Il faudrait les mettre les uns sur les autres...
Mais il remarqua avec sagesse :
— Les baobabs, avant de grandir, ça commence par
être petit.
— C'est exact ! Mais pourquoi veux-tu que tes moutons
mangent les petits baobabs ?
Il me répondit : « Ben ! Voyons ! » comme s'il s'agissait
là d'une évidence. Et il me fallut un grand effort d'intelligence
pour comprendre à moi seul ce problème.
Et en effet, sur la planète du petit prince, il y avait
comme sur toutes les planètes, de bonnes herbes et de
mauvaises herbes. Par conséquent de bonnes graines de
bonnes herbes et de mauvaises graines de mauvaises
herbes. Mais les graines
sont invisibles. Elles dorment
dans le secret de la
terre jusqu'à ce qu'il prenne
fantaisie à l'une d'elles de
se réveiller... Alors elle
s'étire, et pousse d'abord
timidement vers le soleil
une ravissante petite brindille inoffensive.
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S'il s'agit d'une brindille de radis ou
de rosier, on peut la laisser pousser comme elle veut.
Mais s'il s'agit d'une mauvaise plante, il faut arracher
la plante aussitôt, dès qu'on a su la reconnaître. Or il
y avait des graines terribles sur la planète du petit
prince... c'étaient les graines de baobabs. Le sol de la
planète en était infesté. Or un baobab, si l'on s'y prend
trop tard, on ne peut jamais plus s'en débarrasser. Il
encombre toute la planète. Il la perfore de ses racines.
Et si la planète est trop petite, et si les baobabs sont
trop nombreux, ils la font éclater.
« C'est une question de discipline, me disait plus tard
le petit prince. Quand on a terminé sa toilette du matin, il
faut faire soigneusement la toilette de la planète. Il faut
s'astreindre régulièrement à arracher les baobabs dès
qu'on les distingue d'avec les rosiers auxquels ils ressemblent
beaucoup quand ils sont très jeunes. C'est un
travail très ennuyeux, mais très facile. »
Et un jour il me conseilla de m'appliquer à réussir un
beau dessin, pour bien faire entrer ça dans la tête des
enfants de chez moi. « S'ils voyagent un jour, me disait-il,
ça pourra leur servir. Il est quelquefois sans inconvénient
de remettre à plus tard son travail. Mais, s'il s'agit des
baobabs, c'est toujours une catastrophe. J'ai connu une
planète, habitée par un paresseux. Il avait négligé trois
arbustes... »
Et, sur les indications du petit prince, j'ai dessiné cette
planète-là. Je n'aime guère prendre le ton d'un moraliste.
Mais le danger des baobabs est si peu connu, et les risques
courus par celui qui s'égarerait dans un astéroïde sont si
considérables, que, pour une fois, je fais exception à ma
réserve. Je dis : « Enfants ! Faites attention aux baobabs ! »
C'est pour avertir mes amis d'un danger qu'ils frôlaient
depuis longtemps, comme moi-même, sans le connaître,
que j'ai tant travaillé ce dessin-là. La leçon que je donnais
en valait la peine. Vous vous demanderez peut-être :
Pourquoi n'y a-t-il pas, dans ce livre, d'autres dessins
aussi grandioses que le dessin des baobabs ? La réponse
est bien simple : J'ai essayé mais je n'ai pas pu réussir.
Quand j'ai dessiné les baobabs j'ai été animé par le
sentiment de l'urgence.
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VI
AH!
petit prince, j'ai compris, peu à peu, ainsi, ta petite
vie mélancolique. Tu n'avais eu longtemps pour
distraction que la douceur des couchers de soleil. J'ai
appris ce détail nouveau, le quatrième jour au matin,
quand tu m'as dit :
J'aime bien les couchers de soleil. Allons voir un
coucher de soleil...
— Mais il faut attendre...
— Attendre quoi ?
— Attendre que le soleil se couche.
Tu as eu l'air très surpris d'abord, et puis tu as ri de
toi-même. Et tu m'as dit :
— Je me crois toujours chez moi !
En effet. Quand il est midi aux États-Unis, le soleil,
tout le monde le sait, se couche sur la France. Il suffirait
de pouvoir aller en France en une minute pour assister au
coucher de soleil. Malheureusement la France est bien
trop éloignée. Mais, sur ta si petite planète, il te suffisait
de tirer ta chaise de quelques pas. Et tu regardais le
crépuscule chaque fois que tu le désirais...
— Un jour, j'ai vu le soleil se coucher quarante-trois
fois!
Et un peu plus tard tu ajoutais :
— Tu sais... quand on est tellement triste on aime les
couchers de soleil...
— Le jour des quarante-trois fois tu étais donc tellement
triste ?
Mais le petit prince ne répondit pas.
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shant

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VII
LE cinquième jour, toujours grâce au mouton, ce
secret de la vie du petit prince me fut révélé. Il me
demanda avec brusquerie, sans préambule, comme le
fruit d'un problème longtemps médité en silence :
— Un mouton, s'il mange les arbustes, il mange aussi
les fleurs ?
— Un mouton mange tout ce qu'il rencontre.
— Même les fleurs qui ont des épines ?
— Oui. Même les fleurs qui ont des épines.
— Alors les épines, à quoi servent-elles ?
Je ne le savais pas. J'étais alors très occupé à essayer
de dévisser un boulon trop, serré de mon moteur. J'étais
très soucieux car ma panne commençait de m'apparaître
comme très grave, et l'eau à boire qui s'épuisait me
faisait craindre le pire.
— Les épines, à quoi servent-elles ?
Le petit prince ne renonçait jamais à une question,
une fois qu'il l'avait posée. J'étais irrité par mon boulon
et je répondis n'importe quoi :
— Les épines, ça ne sert à rien, c'est de la pure
méchanceté de la part des fleurs !
— Oh !
Mais après un silence il me lança, avec une sorte de
rancune :.
— Je ne te crois pas ! Les fleurs sont faibles. Elles
sont naïves. Elles se rassurent comme elles peuvent.
Elles se croient terribles avec leurs épines...
Je ne répondis rien. À cet instant-là je me disais : « Si
ce boulon résiste encore, je le ferai sauter d'un coup de
marteau. » Le petit prince dérangea de nouveau mes
réflexions :
— Et tu crois, toi, que les fleurs...
— Mais non ! Mais non ! Je ne crois rien ! J'ai
répondu n'importe quoi. Je m'occupe, moi, de choses
sérieuses !
Il me regarda stupéfait.
-— De choses sérieuses !
Il me voyait, mon marteau à la main, et les doigts noirs
de cambouis, penché sur un objet qui lui semblait très laid.
— Tu parles comme les grandes personnes !
Ça me fit un peu honte. Mais, impitoyable, il ajouta :
— Tu confonds tout... tu mélanges tout !
Il était vraiment très irrité. Il secouait au vent des
cheveux tout dorés :
— Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi.
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Il n'a jamais respiré une fleur. Il n'a jamais
regardé une étoile. Il n'a jamais aimé personne. Il n'a
jamais rien fait d'autre que des additions. Et toute la
journée il répète comme toi : « Jesuis un homme sérieux !
Je suis un homme sérieux ! »
et ça le fait gonfler
d'orgueil. Mais ce n'est pas unhomme, c'est un champignon !
— Un quoi ?
— Un champignon !
Le petit prince était maintenanttout pâle de colère.
— Il y a des millions d'années que
les fleurs fabriquent des épines.
Il y a des millions d'années que les moutons
mangent quand même les fleurs. Et
ce n'est pas sérieux de chercherà comprendre pourquoi
elles se donnent tant de mal pour se fabriquer
des épines qui ne servent jamais à rien ?
Ce n'est pas important la guerre des
moutons et des fleurs ?
Ce n'est pas plus sérieux et
plus important que les
additions d'un gros Monsieur rouge ?
Et si je connais,moi, une fleur unique
au monde, qui n'existenulle part, sauf
dans ma planète,
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shant

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1et qu'un petit mouton peut anéantir d'un seul coup,
comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu'il
fait, ce n'est pas important ça !
Il rougit, puis reprit :
— Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe qu'à un
exemplaire dans les millions et les millions d'étoiles, ça
suffit pour qu'il soit heureux quand il les regarde. Il se
dit : « Ma fleur est là quelque part... » Mais si le mouton
mange la fleur, c'est pour lui comme si, brusquement,
toutes les étoiles s'éteignaient ! Et ce n'est pas important
ça !
Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en
sanglots. La nuit était tombée. J'avais lâché mes outils.
Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon,
de la soif et de la mort. Il y avait, sur une étoile, une
planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler !
Je le pris dans les bras. Je le berçai. Je lui disais : « La
fleur que tu aimes n'est pas en danger... Je lui dessinerai
une muselière, à ton mouton... Je te dessinerai une
armure pour ta fleur... Je... » Je ne savais pas trop quoi
dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment
l'atteindre, où le rejoindre... C'est tellement mystérieux,
le pays des larmes.
XVIII
J'APPRIS bien vite à mieux connaître cette fleur. Il y
avait toujours eu, sur la planète du petit prince, des
fleurs très simples, ornées d'un seul rang de pétales,
et qui ne tenaient point de place, et qui ne dérangeaient
personne. Elles apparaissaient un matin dans l'herbe, et

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بالا