— Ah ! tu es là...
Et il me prit par la main. Mais il se tourmenta
encore :
— Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J'aurai l'air
d'être mort et ce ne sera pas vrai...
Moi je me taisais
.— Tu comprends. C'est trop loin. Je ne peux pas
emporter ce corps-là. C'est trop lourd.
Moi je me taisais.
— Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée.
Ce n'est pas triste les vieilles écorces...
Moi je me taisais.
Il se découragea un peu. Mais il fit encore un
effort :
— Ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai
les étoiles. Toutes les étoiles seront des puits avec
une poulie rouillée. Toutes les étoiles me verseront à
boire...
Moi je me taisais.
— Ce sera tellement amusant ! Tu auras cinq cents
millions de grelots, j'aurai cinq cents millions de
fontaines...
Et il se tut aussi, parce qu'il pleurait...
_C'est là. Laisse-moi faire un pas tout seul.
Et il s'assit parce qu'il avait peur.
Il dit encore :
_ Tu sais... ma fleur... j'en suis responsable ! Et elle
est tellement faible ! Et elle est tellement naïve. Elle a
quatre épines de rien du tout pour la protéger contre
le monde...
Moi je m'assis parce que je ne pouvais plus me tenir
debout. Il dit :
Voilà... C'est tout...Il hésita encore un peu, puis il se releva. Il fit un pas.
Moi je ne pouvais pas bouger.
Il n'y eut rien qu'un éclair jaune près de sa cheville.
Il demeura un instant immobile. Il ne cria pas. Il tomba
doucement comme tombe un arbre. Ça ne fit même pas
de bruit, à cause du sable.
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Et il me prit par la main. Mais il se tourmenta
encore :
— Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J'aurai l'air
d'être mort et ce ne sera pas vrai...
Moi je me taisais
.— Tu comprends. C'est trop loin. Je ne peux pas
emporter ce corps-là. C'est trop lourd.
Moi je me taisais.
— Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée.
Ce n'est pas triste les vieilles écorces...
Moi je me taisais.
Il se découragea un peu. Mais il fit encore un
effort :
— Ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai
les étoiles. Toutes les étoiles seront des puits avec
une poulie rouillée. Toutes les étoiles me verseront à
boire...
Moi je me taisais.
— Ce sera tellement amusant ! Tu auras cinq cents
millions de grelots, j'aurai cinq cents millions de
fontaines...
Et il se tut aussi, parce qu'il pleurait...
_C'est là. Laisse-moi faire un pas tout seul.
Et il s'assit parce qu'il avait peur.
Il dit encore :
_ Tu sais... ma fleur... j'en suis responsable ! Et elle
est tellement faible ! Et elle est tellement naïve. Elle a
quatre épines de rien du tout pour la protéger contre
le monde...
Moi je m'assis parce que je ne pouvais plus me tenir
debout. Il dit :
Voilà... C'est tout...Il hésita encore un peu, puis il se releva. Il fit un pas.
Moi je ne pouvais pas bouger.
Il n'y eut rien qu'un éclair jaune près de sa cheville.
Il demeura un instant immobile. Il ne cria pas. Il tomba
doucement comme tombe un arbre. Ça ne fit même pas
de bruit, à cause du sable.
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